COÛT DES LOGEMENTS ESTUDIANTINS: LES ÉTUDIANTS DÉSERTENT LA CITÉ UNIVERSITAIRE À DOUALA
Il est de plus en plus rare de trouver un logement décent d’étudiant au loyer mensuel de moins de 10 000 Fcfa dans l’enceinte de l’Université de Douala et au loyer inférieur à 17 000 Fcfa dans les Zones de résidence universitaire (Zru) de cette institution.
Réfectionnée, la cité universitaire de l’Université de Douala ne semble plus très sollicitée depuis le départ de l’ancien recteur, Pr Dieudonné Oyono. Construite en matériaux définitifs, la dite cité flambant neuve n’attire plus grand monde. «Voilà plus de 10 ans que je loge dans l’une des chambres de cette université moyennant 10 000 Fcfa le mois. Bien qu’affichant une allure royale vue de l’extérieur, la chambre qui est la mienne ne me satisfait pas. Tout comme mes voisins. Précarité et magouilles des responsables en charge de percevoir les frais de loyer sont au rendez-vous. Nous qui louons dans l’enceinte de l’Ud, souhaitons une meilleure prise en compte et le respect des lois en vigueur dans ce domaine», lancent en chœur des étudiants interrogés. Ces derniers, contraints de trouver refuge ailleurs à vil prix affirment, malheureusement être les victimes des particuliers, propriétaires des logements aux alentours de l’Université de Douala. Ils en appellent au respect des lois en la matière. « La majorité de logements privés se situe aux environs de l’enceinte universitaire dans le cas particulier des institutions universitaires publiques. Etant la propriété de particuliers qui jouissent d’un chèque en blanc, l’arbitraire est le quotidien auquel sont soumis les étudiants de la part des bailleurs avec la flambée exorbitante des prix des loyers et la désaffection des pouvoirs publics à ce sujet », décrient les étudiants. Ceux-ci déplorent la lassitude des étudiants dans un contexte de précarité, d’insalubrité et d’insécurité en Zones de Résidences Universitaire (ZRU), de non maîtrise des prix des loyers des logements des étudiants, des rapports de plus en plus dégradés entre les étudiants et les bailleurs, de non application de la grille tarifaire de l’arrêté de 1990 et d’absence totale d’une politique publique ayant contribué à déclencher les mouvements d’humeur très importants qui ont accompagné les mouvements de grève de 2005.
En outre, les universitaires réunis autour de l’Association pour la Défense des Droits des Étudiants du Cameroun (Addec) viennent de publier un rapport qui révèle que dans les Zru, «les étudiants sont en plein cas de constructions anarchiques, non règlementées, en bref, dans un contexte de laisser-aller déconcertant. La densité généralement immense crée une insécurité devant laquelle les agents de police estiment être impuissants. Le dernier étudiant assassiné en Zru de Bonamoussadi date de juin 2015. Aucune enquête sur un assassinat d’étudiant n’a déjà abouti. Ces Zru sont de véritables havres d’alcoolisme fonctionnant au nez et à la barbe de tous ». Raison pour laquelle, les interlocuteurs demandent au Gouvernement camerounais de s’intéresser à la question de la vie de l’étudiant afin de légiférer dessus en tenant compte de la vulnérabilité de la classe estudiantine ; Mettre sur pied un organe national consacré à l’amélioration des conditions de vie des étudiants qui pourra avoir pour tutelle le Minesup. Un organe qui sera décentralisé dans les collectivités territoriales abritant les sites universitaires.
Rappelons que l’Addec est une association qui embrasse toutes les sensibilités, représente et défend les intérêts des étudiants de l’ensemble des universités publiques et privées du Cameroun ainsi que des étudiants camerounais de la diaspora. Elle est née le 31 mars 2004 à l’issue d’une concertation populaire ayant regroupé près d’un millier d’étudiants à l’amphi 502 de l’Université de Yaoundé 1. L’association a déposé son dossier de légalisation à la préfecture de Mfoundi qui a été enregistré le 5 août 2004 sous le numéro 2438. Conformément à la loi n°90/053 du 19 décembre 1990 régissant les libertés associatives au Cameroun, l’Addec est légale depuis le 4 octobre 2004.